L'arrogance espagnole

Les titres des journaux espagnols du matin étaient révélateurs del'état d'esprit des joueurs de la Selección avant la rencontre. Sûrs deleur force, l'adversaire suisse ne devait être qu'un obstacle àfranchir parmi tant d'autres sur la route les menant à la finale et laconquête du titre mondial à en croire Marca : «L'Espagne prend l'autoroute du 11 juillet vers le rêve!». Mais voilà, comme en 2006 où la presse espagnole avait titré avant le 1/8e de finale face à la France un fameux «Vamos a jubilar a Zidane»(nous allons mettre Zidane à la retraite), les Espagnols ont été troparrogants et la réalité du terrain leur a montré que rien n'est jamaisjoué d'avance. Certes l'Espagne s'est nettement améliorée en quatre ansmais sous-estimer un adversaire n'est jamais chose à faire. Une leçonqui sera, on l'espère, retenue cette fois-ci.

Une attaque stérile

La Roja, tout comme le Brésil la veille, a pourtant joué un bonfootball. Comme le Brésil, ils ont dominé le match d'un bout à l'autre,sans prendre la peine de beaucoup accélérer. Mais contrairement auBrésil, ils n'ont jamais trouvé la faille. Le ballon a pourtant biencirculé, le milieu de terrain espagnol éblouissant le match de saclasse. C'est clair, les Espagnols ont du talent plein les pieds ets'ils ont perdu ce premier match, ils ont tout à fait les moyens degagner les deux suivants.

Mais il faudra être beaucoup plus efficace, car si on a beaucoup vule milieu de terrain espagnol, on n'a qu'entraperçu l'attaquant DavidVilla. En fait, les Espagnols ont très bien utilisé la largeur duterrain, et notamment le côté droit, où David Silva puis Jesus Navas sesont illustrés. Mais les centres envoyés par les latéraux n'ont pastrouvé preneur. La défense centrale suisse a repoussé tous les assauts.

La Suisse efficace

Les Espagnols ont tiré plus de vingt fois au but, les Suisses quantà eux n'ont tiré que huit fois mais cela a été suffisant pour marquer.Une statistique révélatrice... La Suisse savait à quoi s'attendre faceà la Selección et a donc joué la défense, exploitant au maximum lesquelques opportunités offensives qui lui étaient laissées. Le butqu'elle a inscrit n'est pas très beau à voir, mais il montre toute lacombativité des attaquants suisses qui à deux ont fait vacillé l'ogreespagnol.

Après l'ouverture du score, le match est monté en intensité, maisles Suisses ont parfaitement tenu le choc à l'image de Grichting, trèssolide. Après une grosse frayeur sur un boulet de canon de Xabi Alonsoatterrissant sur la barre transversale, les Suisses ont même failliaggraver le score après un raid solitaire de Derdiyok qui est passétrès près de marquer le plus beau but de cette Coupe du Monde. Aprèsavoir éliminé par deux crochets successifs les défenseurs du Barça,Piqué et Puyol, le tir de l'extérieur du droit du Suisse a rouléjusqu'au poteau de Casillas. Les dernières minutes ont été stressantesmais les Espagnols ne se sont plus créés d'occasions.

La victoire suisse est donc méritée. Comme le dit l'adage : dominer n'est pas gagner (même s'il faut avouer que ça peut aider).